Réponse à Alain (Front de gauche)
Cher Alain,
Puisque dans tes différents derniers billets, tu mets en cause le programme et la sincérité socialiste, je me permets d'y répondre de manière très... directe. Pourtant, il me semble que nous dépensons inutilement de l'énergie à nous «affronter». Notre «ennemie» devrait être exclusivement l'UMP. Votre combat contre le PS est vraiment contre-productif, voire utile à la droite ! Mais bon, je ne suis pas du genre à me «laisser faire». Voici donc ma réponse :
Sous la bannière «Front de gauche» on trouve des formations politiques aux objectifs hétéroclites :
- le PCF cherche à enrayer son déclin national et à éviter la confrontation directe avec le parti d'O. Besancenot ;
- le Parti de gauche (PG) prépare son OPA sur les communistes ;
- «Gauche unie» regroupe des membres de l'ex-LCR qui récusent la politique de la terre brûlée à gauche du NPA ;
- ici ou là, des adhérents en rupture de banc avec le MRC donnent un sens à leur dissidence.
Si leur discours est unique, leurs intérêts sont contradictoires et leurs arrière-pensées nombreuses. Pour les uns (le PCF de M-G. Buffet), le «Front de gauche» est un pis-aller : il s'agit de ne surtout pas se compter le temps d'un scrutin en 2009, avant de renouer avec la stratégie des listes d'union de la gauche aux régionales de 2010. Pour d'autres (le PG de J-L. Mélenchon), il s'agit du premier étage d'une fusée destinée à mettre sur orbite un candidat au premier tour de la présidentielle de 2012, capable de concurrencer le NPA et de fragiliser le PS. Dans les deux cas, le scrutin du 7 juin est un rendez-vous tactique pour soi, non un rendez-vous politique pour nos concitoyens.
Les propositions du «Front de gauche» sont peu nombreuses et/ou sont empruntées au programme qui est, de longue date, le programme socialiste :
Doublement du budget pour l'université et la recherche, réduction des émissions de CO² et développement des énergies renouvelables, clause de l'Européenne la plus favorisée pour l'égalité des femmes, harmonisation fiscale et sociale, salaire minimum européen adapté à chaque réalité nationale, abrogation des directives honteuses sur l'immigration ou le temps de travail, politique étrangère européenne indépendante de l'OTAN - ces options ont été rappelées par Martine Aubry.
Le 21 mars, lors de la Convention nationale sur l'Europe, les leaders du «Front de gauche» affirment que le 7 juin, «il y aura un bulletin de vote pour deux référendums : l'un contre Sarkozy, l'autre contre l'Europe actuelle». Le problème, c'est que loin de sanctionner ses adversaires désignés, le «Front de gauche» risque de les renforcer :
- En fragmentant l'offre au sein de la gauche démocratique, il prend le risque de mettre l'UMP en tête du scrutin : Sarkozy n'en demandait pas tant ! Le «Front de gauche» ne clarifie pas l'offre politique au sein du camp progressiste, il la complique en la rendant illisible, donc moins crédible.
- En fustigeant le PS et le PSE pour «faire un score» en France, le «Front de gauche» compromet la possibilité d'une majorité alternative à la droite conservatrice au Parlement européen : Barroso n'en demandait pas plus !
L'énergie mise par nos camarades du «Front de gauche» à réveiller les plaies du «oui» et du «non» d'il y a quatre ans sur le Traité constitutionnel n'est pas consacrée à l'essentiel : comment réorienter les politiques européennes aujourd'hui dans l'intérêt du monde du travail (salariés, jeunes, retraités, chômeurs) ?
Si les traités suffisaient à donner une âme et une orientation à l'Europe, cela se saurait... L'enjeu consiste à inverser la donne là où les choix se prennent : au Parlement dont les pouvoirs sont désormais étendus comme jamais, au sein et à la tête de la Commission dont les objectifs et les moyens doivent être mis au service des peuples européens, de la croissance, de l'emploi, des solidarités, de l'environnement, de la démocratie. Sans un PSE puissant et un PS fort en son sein, il ne peut y avoir de majorité de gauche et de progrès en Europe.
Aux électeurs tentés par le «Front de gauche», les socialistes disent avec amitié et gravité : le problème n'est pas de refaire le match institutionnel à gauche, mais de mener la bataille politique contre la droite.
Puisque dans tes différents derniers billets, tu mets en cause le programme et la sincérité socialiste, je me permets d'y répondre de manière très... directe. Pourtant, il me semble que nous dépensons inutilement de l'énergie à nous «affronter». Notre «ennemie» devrait être exclusivement l'UMP. Votre combat contre le PS est vraiment contre-productif, voire utile à la droite ! Mais bon, je ne suis pas du genre à me «laisser faire». Voici donc ma réponse :
Sous la bannière «Front de gauche» on trouve des formations politiques aux objectifs hétéroclites :
- le PCF cherche à enrayer son déclin national et à éviter la confrontation directe avec le parti d'O. Besancenot ;
- le Parti de gauche (PG) prépare son OPA sur les communistes ;
- «Gauche unie» regroupe des membres de l'ex-LCR qui récusent la politique de la terre brûlée à gauche du NPA ;
- ici ou là, des adhérents en rupture de banc avec le MRC donnent un sens à leur dissidence.
Si leur discours est unique, leurs intérêts sont contradictoires et leurs arrière-pensées nombreuses. Pour les uns (le PCF de M-G. Buffet), le «Front de gauche» est un pis-aller : il s'agit de ne surtout pas se compter le temps d'un scrutin en 2009, avant de renouer avec la stratégie des listes d'union de la gauche aux régionales de 2010. Pour d'autres (le PG de J-L. Mélenchon), il s'agit du premier étage d'une fusée destinée à mettre sur orbite un candidat au premier tour de la présidentielle de 2012, capable de concurrencer le NPA et de fragiliser le PS. Dans les deux cas, le scrutin du 7 juin est un rendez-vous tactique pour soi, non un rendez-vous politique pour nos concitoyens.
Les propositions du «Front de gauche» sont peu nombreuses et/ou sont empruntées au programme qui est, de longue date, le programme socialiste :
Doublement du budget pour l'université et la recherche, réduction des émissions de CO² et développement des énergies renouvelables, clause de l'Européenne la plus favorisée pour l'égalité des femmes, harmonisation fiscale et sociale, salaire minimum européen adapté à chaque réalité nationale, abrogation des directives honteuses sur l'immigration ou le temps de travail, politique étrangère européenne indépendante de l'OTAN - ces options ont été rappelées par Martine Aubry.
Le 21 mars, lors de la Convention nationale sur l'Europe, les leaders du «Front de gauche» affirment que le 7 juin, «il y aura un bulletin de vote pour deux référendums : l'un contre Sarkozy, l'autre contre l'Europe actuelle». Le problème, c'est que loin de sanctionner ses adversaires désignés, le «Front de gauche» risque de les renforcer :
- En fragmentant l'offre au sein de la gauche démocratique, il prend le risque de mettre l'UMP en tête du scrutin : Sarkozy n'en demandait pas tant ! Le «Front de gauche» ne clarifie pas l'offre politique au sein du camp progressiste, il la complique en la rendant illisible, donc moins crédible.
- En fustigeant le PS et le PSE pour «faire un score» en France, le «Front de gauche» compromet la possibilité d'une majorité alternative à la droite conservatrice au Parlement européen : Barroso n'en demandait pas plus !
L'énergie mise par nos camarades du «Front de gauche» à réveiller les plaies du «oui» et du «non» d'il y a quatre ans sur le Traité constitutionnel n'est pas consacrée à l'essentiel : comment réorienter les politiques européennes aujourd'hui dans l'intérêt du monde du travail (salariés, jeunes, retraités, chômeurs) ?
Si les traités suffisaient à donner une âme et une orientation à l'Europe, cela se saurait... L'enjeu consiste à inverser la donne là où les choix se prennent : au Parlement dont les pouvoirs sont désormais étendus comme jamais, au sein et à la tête de la Commission dont les objectifs et les moyens doivent être mis au service des peuples européens, de la croissance, de l'emploi, des solidarités, de l'environnement, de la démocratie. Sans un PSE puissant et un PS fort en son sein, il ne peut y avoir de majorité de gauche et de progrès en Europe.
Aux électeurs tentés par le «Front de gauche», les socialistes disent avec amitié et gravité : le problème n'est pas de refaire le match institutionnel à gauche, mais de mener la bataille politique contre la droite.